Thomas Sankara : une main noire de la France dans son assassinat ?

16 octobre 2017

Thomas Sankara : une main noire de la France dans son assassinat ?

La réaction, le comportement et les lointains propos d’un fonctionnaire français, prononcés il y a une trentaine d’années à l’occasion de la mort de Thomas Sankara, et dont je me souviens encore, peuvent-ils créditer les soupçons, maintes fois évoqués, d’une main noire de la France qui aurait trempé dans l’assassinat de ce dernier ?

Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État organisé, c’est connu de tous aujourd’hui, par celui qu’il considérait alors comme son frère : Blaise Compaoré. A l’époque, je travaillais à Libreville, au Gabon, comme expert et fonctionnaire international, dans un projet coordonné par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), une des agences du système des Nations Unies.

Ce 15 octobre 1987 à Libreville, nous sommes totalement désappointés par la nouvelle, nous partageons, entre experts, notre chagrin dans le bureau de l’un d’entre nous, lorsqu’un fonctionnaire français de l’Ambassade française en République gabonaise surgit brusquement parmi nous.

Visiblement gai et souriant, le diplomate français tient à nous «consoler» (sic!), dit-il. Et sans la moindre compassion ni tristesse, mais avec beaucoup d’humour, il se plait à nous rappeler qu’il s’agirait là d’une bonne preuve de « démocratie tournante ». Un humour noir qui, hélas pour lui, ne réussit nullement à arracher le moindre sourire parmi les experts, contrairement à ce qu’il escomptait, sans doute.

Thomas Sankara, un « assassinat politique » énigmatique de plus de ce siècle

L’assassinat de Sankara a, depuis, suscité divers questionnements et soupçons, arguant fortement sur un possible complot extérieur. En témoignent, diverses diverses sources telles celles de Sennen Andriamirando de Bruno Jaffre ou Afrik.com. Certains soupçons n’hésitent carrément pas à voir une main noire extérieure de la France, qui aurait commandité l’ignoble besogne.

Aujourd’hui, 30 ans après, entre soupçons et démentis et en réminiscence à ces propos, il n’est pas complètement puéril ni absurde, de mon point de vue, d’établir un possible rapport entre les lointains propos de ce diplomate français et les soupçons endurcis de ceux qui, nombreux, continuent à croire à la main noire de la France qui aurait trempé dans la mort de Thomas Sankara. Je prends le risque de penser ainsi parce que je sais que les diplomates sont les missi dominici dont les propos, si humoristiques soient-ils, reflètent le plus souvent le point de vue de leurs pays.

Certes, mon regard sur le comportement et/ou les propos d’un diplomate français et la possible main noire de son pays qui aurait commandité l’assassinat de Thomas Sankara peut s’inscrire dans les hasardeuses conclusions de la théorie du complot et le lien ainsi fait peut donc paraître hâtif, douteux et léger. Qu’à cela ne tienne, je donne, au travers de la lecture, du dossier-archive de Pierre Firtion, qui se questionne à nouveau sur le rôle de la France dans l’assassinat de Thomas Sankara, l’occasion à chacun de se faire sa propre idée sur ce triste événement qui viens rappeler d’autres morts énigmatiques, d’autres hommes politiques dont les circonstances n’ont jamais totalement été élucidées à ce jour. Je pense ici à l’américain J.F Kennedy ou au congolais Patrice Lumumba.

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