Ghislaine Dupont et Claude Verlon morts pour avoir voulu bien faire leur travail

5 novembre 2013

Ghislaine Dupont et Claude Verlon morts pour avoir voulu bien faire leur travail

Le Congolais que je suis, exprime ses hommages à ces deux « morts pour l’acte d’informer » et particulièrement à Ghislaine Dupont, dont la RDC aura sans doute été une seconde patrie, pour la dextérité qu’elle a su manifester dans le souci de bien informer le peuple congolais quand il le fallait. 

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J’ai appris sa mort

Ces derniers temps, je quitte un peu tard le bureau pour retourner chez moi après, comme on a coutume de le dire, une journée de travail bien remplie. Je travaille en ville, mais j’habite à la cité. A Kinshasa, cette différenciation est faite pour distinguer une partie de cette ville, un peu mieux urbanisée et qui concentre presque tous les services administratifs de celle, moins bien urbanisée, mais plus joyeuse et plus populaire où, comme aiment bien le dire les Kinois : « Il y a la vie ». Cette habitude, de quitter tard mon bureau en ville est due au fait que mon quartier à la cité, subit un délestage systématique d’électricité. Cette denrée m’est hélas vitale. Sans elle, je peux dire que je n’existe pas. Car je ne peux allumer mon ordinateur ni me connecter à l’internet. L’internet est pour moi un instrument de travail indispensable. Je suis ainsi bien contraint de rester le plus longtemps possible au bureau. Ce samedi 2 novembre je quitte, donc, le bureau tard vers les 22 heures. Je m’engouffre dans ma voiture et machinalement je me branche sur rfi. Je suis aussitôt déçu. La radio mondiale diffuse de la musique douce. Je conclus tout de suite à une grève du personnel. C’est l’habitude à rfi. Quand j’arrive chez moi, je suis abasourdi par la nouvelle à la Une que j’apprends : l’assassinat de deux journalistes de la radio rfi : Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal au Mali.

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Deux aspects de la ville de Kinshasa
La « ville » et la « cité »

J’ai informé à mon tour quelques amis

J’appelle instantanément quelques amis pour leur faire part de ce que je viens d’apprendre. C’est largement inutile. Presque tous sont déjà au courant de l’information par la même source.

Je leur rend hommage

Je me rappelle alors que Ghislaine Dupont, ancienne envoyée spéciale de rfi en RDC a pendant près de dix ans commenté et témoigné courageusement de nombreux événements de l’histoire récente de ce pays. J’entends encore ses commentaires accompagnant le parcours triomphal de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila vers Kinshasa et vers la destitution du dictateur Joseph-Désiré Mobutu. Je continue d’entendre ses reportages lors de la guerre d’après élection présidentielle de 2006 qui a opposé les troupes du Mouvement de libération du Congo (MLC) du perdant Bemba contre celles du gagnant et actuel président de la RDC Joseph Kabila. Je continue toujours d’entendre certaines de ses chroniques, réflexions et analyses sur mon pays. Beaucoup de Congolais, à l’époque, accordaient plus de crédit aux propos de Ghislaine qu’à ceux des médias officiels. Certaines de ses analyses n’ont, à coup sûr, pas plu à tout le monde. En tout cas, pas au pouvoir officiel de Kinshasa qui, en représailles, a longuement coupé le signal de diffusion de la FM 105.0 sur Kinshasa. Finalement accusée de « désinformation » Ghislaine sera expulsée de la RDC, permettant ainsi la réouverture de cette chaîne rfi à Kin-la-belle. Si, aujourd’hui, j’entends très peu d’écho du côté officiel congolais en réaction au triste sort de Ghislaine Dupont et de son compagnon de travail Claude Verlon, je me console en revanche du vaste élan de compassion que témoignent les non officiels congolais à rfi et aux familles de ces deux victimes. Je joins mes sentiments à ceux de tous les Congolais  pour exprimer sur ce blog ma propre compassion aux concernés. Pauvre…Ghislaine, elle a été expulsée de la RDC pour avoir témoigné de la vérité et elle poursuivait ce même objectif au  Mali…. Triste, vraiment triste. Mais, c’est cela sans doute, le parcours plein de risques du métier d’une journaliste chevronnée qui veut…bien faire son travail.

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