La réconciliation, un concept sensé dans la crise ukrainienne et insensé dans celle palestinienne ?

25 avril 2014

La réconciliation, un concept sensé dans la crise ukrainienne et insensé dans celle palestinienne ?

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A force d’entendre un mot s’employer, à tue-tête, ces derniers temps par nombre des médias internationaux, j’ai voulu savoir davantage le sens qu’il pourrait bien véhiculer. Car je suis intrigué par l’usage à géométrie variée qui est fait du concept de « réconciliation » selon qu’il s’agisse de la crise ukrainienne actuelle ou celle, plus ancienne, palestinienne. Je ne comprends, ni ne m’explique cette ambiguïté. 

QUID DE LA VALEUR SÉMANTIQUE DE L’EXPRESSION « RÉCONCILIATION »

D’emblée, je me suis d’abord posé la question de la valeur sémantique du terme réconciliation. J’ai donc cherché à examiner ce qu’en disent certains ouvrages de référence pour, ainsi, mieux saisir sa valeur sémantique. Machinalement, j’ai été interroger le moteur de recherche Google. La première réponse que m’a réservé ma requête, fut une « overdose » d’occurrences : environ 14 300 000 items de résultats possibles à ma demande. Après un premier affinement de mon équation de recherche, j’ai pu légèrement réduire tout ce bruit pour retenir la première valeur que lui donne le dictionnaire de français Larousse  : « Action de réconcilier des adversaires, des gens fâchés entre eux ; fait de se réconcilier » 

La suite de ma recherche me conduira sur Wikipédia, où j’apprendrai que le mot réconciliation à plusieurs significations :

  1. Quand elle évoque une résolution de conflit, l’expression réconciliation s’apparente, entre autres,  à un concept associé aux relations humaines, principalement lié au management et aux méthodes et outils d’aide à la prise de décision qui aboutit au choix d’une solution à un affrontement et sa mise en œuvre.
  2. Quand l’expression fait allusion à une commission de vérité et de réconciliation, elle est perçue comme une entité non juridique mise en place après des périodes de troubles politiques, de dictature ou de répression politique en vue d’œuvrer dans un esprit de réconciliation nationale. Ici, les victimes sont invitées à s’exprimer devant un forum afin de leur permettre de retrouver la dignité et les auteurs d’exactions, appelés à avouer leurs forfaits et à se repentir devant les victimes.
  3. Enfin, on parle aussi de réconciliation dans de nombreuses religions pour évoquer un sacrement de pénitence et de réconciliation qui a pour objectif de solliciter le pardon de Dieu pour tout pénitent. 

 

J’apprends encore par la suite, que des commissions de vérité et de réconciliation ont été mises en place dans près de 25 pays du monde. En Afrique, celle de l’Afrique du Sud, est l’une des plus célèbres. D’autres pays africains ont tenté de les mettre en place, sans vraiment les réussir, comme au Burundi et en Cote d’Ivoire.

 

UN USAGE POLITIQUE INTÉRESSÉ DU TERME « RÉCONCILIATION » ?

Seulement, dans la gestion de deux crises de l’Ukraine et de la Palestine qui secouent et inquiètent le monde actuellement, on peut s’interroger pourquoi demander à ceux qui n’en veulent pas, une réconciliation et la refuser à ceux qui en veulent ?

Dans le cas palestinien, depuis que le Hamas et l’OLP, par leurs chefs respectifs aient décidés de se réconcilier,  le concert de réactions négatives, qui a suivi cette option peut sembler inouï. En effet, si hormis celle de l’Etat d’Israël naturellement compréhensible, que penser des critiques d’Obama, président des Etats-Unis d’Amérique sur la réconciliation palestinienne ? Que dire de l’acquiescement du bout des lèvres que cette réconciliation a suscité dans l’Union européenne ?

Le paradoxe voudrait que cette réconciliation soit, en revanche fortement réclamée dans la gestion de  l’autre crise du moment : la crise ukrainienne, où la communauté internationale (entendez les USA et l’UE) tempête sinon exige une réconciliation presque sans condition entre les ukrainiens. Des hommes politiques de poids comme le français Jean-Pierre Chevènement la réclame de vive voix sur son blog.

Ainsi, à tous mes questionnements ci-haut évoqués, je postule, dans une certaine naïveté primaire, sans doute, l’hypothèse selon laquelle l’usage des concepts par les grands de ce monde obéit forcément au gré de leurs intérêts. Dans ce cas d’espèce, la question reste de savoir si ces intérêts des grands, resteront indéfiniment au dessus de ceux du peuple palestinien aujourd’hui avide de son unité ? Réponde qui sais ou qui peut.

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