RDC : la vente des syllabi à l’université, une pratique «antidote» à la mise en ligne des cours ?

Article : RDC : la vente des syllabi à l’université, une pratique «antidote» à la mise en ligne des cours ?
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4 juillet 2018

RDC : la vente des syllabi à l’université, une pratique «antidote» à la mise en ligne des cours ?

Dans l’enseignement supérieur, on s’accorde en général à dire qu’un « syllabus » est la présentation générale d’un cours, qui reprend toutes les informations à savoir sur le sujet par les étudiants. Dans le contexte congolais, la pratique très répandue de la vente de ces notes de cours aux étudiants par les profs servirait-elle d’antidote à la mise en ligne des cours ? 

L’envahissant usage des TIC : une caractéristique des temps modernes ?

C’est presqu’un truisme de dire que les TIC façonnent notre vécu quotidien. Face à la montée en puissance de l’usage des technologies de l’information et de la communication dans la vie de l’homme contemporain, c’est plutôt le non-usage des TIC qui constitue désormais une anomalie. Il en est ainsi, notamment, du secteur éducatif où le procès des TIC en éducation n’est plus à faire. Plutôt, les protagonistes et multiples intervenants sur ce terrain continuent de voir comment le déploiement de diverses solutions techno-pédagogiques permet d’appuyer l’enseignement et l’apprentissage.

Cependant, il est vrai que dans certaines parties du monde, particulièrement en Afrique noire, le déploiement du numérique dans l’enseignement rencontre encore de nombreux défis de taille : on manque d’infrastructures ou de compétences favorables au cœur des institutions d’enseignement. Néanmoins, même dans pareil cas, l’intégration judicieuse du numérique dans l’enseignement est désormais très présente dans l’esprit de divers décideurs « pédagogico-politiques ». Elles pourraient aider à développer de nouvelles intentions pédagogiques et seront certainement une alternative à suivre dans la pratique pédagogique.

Le numérique dans l’éducation c’est comme l’oxygène dans l’air : partout, invisible mais essentiel.

Les néo-pédagogues restent, en effet, très fortement convaincus qu’on ne peut plus enseigner aux « digital natives » d’aujourd’hui comme aux étudiants d’hier. Comment pourrait-il en être autrement au seuil de ce 21eme siècle qui parfaitement intégré la technologie ? Il y a fort à parier, à la vue des vidéos ci-apposées, que même les Cassandres et autres « technophobes », qui continuent encore à résister à cette nécessaire métamorphose pédagogique se rendent à l’évidence.

En Afrique noire, particulièrement, nombre de pédagogues voient dans l’intégration pédagogique des TIC dans l’enseignement un bonus et une issue idéale à la résorption de pas mal de tares du système éducatif africain (classe pléthorique, insuffisance des ressources et compétence humaines, insuffisance des matériels didactiques, insuffisance et obsolescence des infrastructures, etc…). Sans forcément en constituer la solution universelle, le numérique est perçu comme une solution efficace à ces tares qui grèvent implacablement la qualité de l’enseignement dans le système éducatif africain.

Mais, si le numérique est la réponse, quelle était la question et qu’est ce qui en constitue le problème ?

En tous cas, les exhortations répétées des néo-pédagogues rendent inéluctable la question des rapports entre nouveaux outils de communication et implication de ces outils dans le système scolaire et académique. Problème : dès lors que la généralisation des connexions à l’internet est effective (du moins dans les centres urbains de beaucoup des pays africains), on peut se demander quelles sont les motivations et facteurs qui expliquent la persistance des non-usages des TIC dans la pratique pédagogique de beaucoup d’enseignants africains et principalement r-d congolais, dans le cas qui concerne ce billet ? Refus de la modernité et/ou de la suprématie des technologies, résistance(s) au changement… ? Face à la trop grande diversité des situations de l’émergence des facteurs qui complexifient la cartographie et le rapport entre usages et non-usages des TIC dans la pédagogie, les réponses à ce questionnement, ne peuvent, de toute évidence, être que sectaires et difficilement généralisables. Dans le contexte r-d congolais de l’enseignement supérieur qui concerne ce billet, et hors de toute analyse scientifique profonde, j’ai pensé, un peu naïvement, sans doute, que la pratique très répandue de la vente de notes de cours (syllabus) aux étudiants pourrait peut-être servir d’antidote à la mise en ligne des cours par la grande majorité des enseignants universitaires r-d congolais. Pourquoi je pense ainsi ?

Parce que j’ai participé comme consultant en technologies éducatives à un projet allemand de Stratégie2020 visant à implanter le système Licence Master Doctorat (LMD) dans l’enseignement supérieur congolais. Et dans les trois principales universités congolaises de Kinshasa, de Lubumbashi et de Kisangani, on retiendra que :

  • le projet a initié un important programme de mise en ligne des cours pour accompagner ce basculement vers le LMD.
  • j’ai servi de consultant pour la mise en ligne des cours dans ce vaste programme.
  • inexplicablement, malgré un fort enthousiasme noté, en amont, pour cette innovation, un fort désintérêt, statuant en quelque sorte l’échec de ce programme, a été observé, en aval et un des enseignants interrogé, après évaluation du programme, m’a tenu ces propos :

Je suis à l’université où je suis enseignant-chercheur. Il y a beaucoup des professeurs qui disent : vous nous demandez de mettre des cours en ligne, mais cela signifie que nous n’allons plus vendre nos syllabi (pluriel de syllabus), alors que pour nous, c’est pratiquement une source de revenu  en cette période de vache maigre. Pour l’enseignement en général au Congo, il y a une pratique qui n’est évidemment pas à encourager, mais selon laquelle les professeurs éditent des syllabi de leurs cours qu’ils vendent aux apprenants 

Dur, dur… le sort du professeur d’université congolais et …,  dommage pour l’innovation pédagogique.

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