RDC : un Nobel pour exorciser la « médiocrité » des politiques ?

Article : RDC : un Nobel pour exorciser la « médiocrité » des politiques ?
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12 octobre 2018

RDC : un Nobel pour exorciser la « médiocrité » des politiques ?

 

La RDC a désormais son Nobel de la Paix. Et si l’heureux bénéficiaire, le Dr Denis Mukwege, venait par cette récompense honorer tout un peuple que la médiocrité de certains de ses propres politiciens a vite fait, aux yeux de certains, de jeter dans la corbeille de la médiocrité ?

Que les médiocres dégagent…

Fin 2017 et début 2018, le mouvement du Comité laïc de coordination (CLC) des chrétiens catholiques rd-congolais, a organisé des marches de protestation contre Joseph Kabila qu’il soupçonne de tripatouillage de la constitution afin de briguer un nouveau mandat présidentiel à la tête du pays.

Au plus fort de la répression sanglante de ces marches, Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, parrain supposé de ce mouvement, a des mots très forts à l’endroit du pouvoir politique de Kinshasa, qu’il traite ouvertement de « médiocre » et dont il invitait les acteurs à « dégager ».

… Pour que vive désormais, à jamais, l’excellence

Curieusement, cet invective rappelait des propos tout aussi forts prononcés, quelques années plutôt, par un autre politique africain de renom : Abdoulaye Wade, alors président du Sénégal, impliqué comme médiateur dans la résorption d’une autre crise politique congolaise de fin de règne du président Mobutu. Abdoulaye Wade mettait l’échec de sa mission sur le compte de la mauvaise foi d’une classe politique r-d congolaise incapable de se sublimer face à des enjeux politiques autrement plus sensibles. Se dépouillant de tous gants, il qualifiait alors la classe politique congolaise d’immature et de manque de culture politique.

Depuis, la tentation était sans doute assez forte pour une certaine opinion à étendre ce mépris à un ensemble plus vaste de congolais de toutes catégories, qu’elle pouvait faussement placer dans la même corbeille de la médiocrité. Il fallait bien laver cet opprobre. Aujourd’hui, avec le Nobel du Docteur Mukwege c’est, à coup sûr, chose faite. Les multiples félicitations et éloges affluant de partout sont là pour nous convaincre que la RDC, ce n’est pas que de la médiocrité, c’est aussi l’excellence qui, pour rencontrer l’espoir des uns, pointe désormais comme un lendemain politique radieux de ce grand pays.

Denis Mukwege, cet ancien Prix Sakharov 2014, deux fois nominé pour le Prix Nobel de la Paix, est ainsi internationalement récompensé en 2018. Une récompense qu’il co-partage, par une heureuse coïncidence, avec une victime et ancienne esclave sexuelle de Daech, la yézidie Nadia Murad, qui symbolise son métier de réparateur des milliers de femmes cruellement violées depuis plus de 20 ans dans les conflits armés de l’Est de la République démocratique du Congo…

Denis Mukwege et Nadia Murad. Co-Prix Nobel de la Paix 2018 : la victime et le réparateur des violentées sexuelles des conflits armés. Crédits : PINAULT/VOA [Public domain], via Wikimedia Commons et U.S. Department of State from United States [Public domain], via Wikimedia Commons. Collage : Mondoblog

… et dont l’oeuvre a été portée à l’écran par les belges Thierry Michel et Colette Braeckman dans un documentaire « L’homme qui répare les femmes » dont on peut visionner la bande-annonce du film, ci-après :

Ce film poignant, comportant des scènes difficiles à soutenir, qui ont fait craquer certains spectateurs, a été paradoxalement initialement interdit de diffusion en… République démocratique du Congo.

Le film de l’annonce du prix Nobel de la Paix 2018

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