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RDC : Mois de mars, mois de la femme. Je suis fier de deux femmes compatriotes

Au seuil de ce mois de mars, mois que la communauté internationale consacre à la femme, je voudrais dédier ce billet d’hommage à deux femmes ingénieures congolaises. Elles sont, à coup sûr, largement inconnues de la grande majorité de leurs compatriotes. Elles font pourtant considérablement honneur à leur pays. Il s’agit de Sandrine Ngalula Mubenga et de Thérèse INZA    

 

 

Deux superbes ingénieures congolaises « inconnues »et « méconnues » dans leur propre pays ?

 

Combien des congolais connaissent ces deux ingénieures congolaises ? Leur pays, la République démocratique du Congo, qui doit être fière de ces/ses deux femmes les honore t-il suffisamment ? Il est ahurissant d’entendre des propos de ce genre : « aucun acte, aucun fait concret, aucune vision d’espoir ne semble transparaître, à ce jour, du coté des pouvoirs publics dans ce sens« . Je tiens cette vérité d’un entretien avec le mari de Thérèse INZA, professeur à l’université de Kinshasa, rencontré fortuitement dans un restaurant de Kinshasa. Même les médias congolais ne font pas suffisamment échos des ces deux dignes femmes congolaises et de leurs œuvres pour les sortir de leur (presque) anonymat actuel. 

L’une, Thérèse INZA est présidente d’une entreprise Woman Technology, une association féminine initialement fondée pour offrir des débouchés aux femmes congolaises titulaires d’un diplôme d’ingénieur. Son entreprise est à l’origine de l’invention d’une première génération des robots qui régule la circulation routière à Kinshasa. Cette invention, qu’un article de Dominique Desaunay qualifie, sur le site Web de rfi, de « robolution« , en contractant sans doute, les termes « robot et révolution« , augure des lendemains rassurants pour améliorer et sécuriser la circulation routière dans une mégapole d’environs 10 millions d’habitants. En ignorant cette invention le pouvoir kabiliste rate là une belle occasion de rabattre le caquet à ceux qui ne voient dans sa fameuse révolution de la modernité chantée à longueur des journées sur les médias officiels, qu’un slogan vide.

L’autre, Sandrine Ngalula Mubega est ingénieure en électricité. Elle est expatriée et vit dans l’état d’Ohio aux États-Unis d’Amérique où elle a décroché le titre d’ingénieure professionnelle. Cette jeune femme congolaise qu’un fait divers d’enfance a amené aux études de génie électrique, est inventrice d’une voiture électrique, une voiture hybride qui roule en utilisant l’hydrogène comme carburant et le courant direct. Elle détient, par devers elle, plusieurs prix remportés à l’université de Toledo de Ohio.

 

Fatalisme religieux… ou… nul n’est prophète chez soi…

 

Beaucoup d’observateurs et un certain nombre des témoignages indiquent que le peuple congolais est profondément religieux et grand lecteur de la bible. Dans ce pays, il existe une forte communauté religieuse formée autour des traditionnelles et officielles confessions religieuses (catholique, protestant, kimbanguiste, musulman). A coté de ces confessions, il persiste une très forte propension de la population pour les nombreuses églises de réveil qui pilulent dans le pays. Dans un tel environnement et face à l’insouciance et au désintérêt des pouvoirs publics à leur endroit, il n’est pas stupide de penser que Sandrine et Thérèse, profondément religieuses elles aussi, je présume, ne se soient fatalement contraintes de se soumettre à ce proverbe d’origine biblique … « nul n’est prophète chez soi » qui voudrait nous rappeler qu’un individu n’est jamais apprécié à sa vraie valeur là où il vit. Dommage.

Heureusement qu’ailleurs des médias extérieurs savent reconnaître la valeur des individus et leur accordent un petit espace de présentation sur leur antenne. Tel est le cas de TV5 MONDE tel que reproduit sur la vidéo ci-après pour présenter l’oeuvre de Thérèse INZA. Une marque de reconnaissance à louer.

 


Résidant à Kinshasa…enseignant à Beni ou les vertus de la classe en ligne

Le numérique à l'école : une alternative pédagogique du futur

« Nous disons que l’autorité est en crise parce que nous passons d’une société hiérarchique, verticale, à une société plus transversale, notamment grâce aux réseaux comme Internet. Tout ne coule plus du haut vers le bas, de celui qui sait vers l’ignorant. Les relations parent-enfant, maître-élève, État-citoyen… sont à reconstruire. (…) Une nouvelle démocratie du savoir est en marche. Désormais, la seule autorité qui peut s’imposer est fondée sur la compétence. Si vous n’êtes pas investi de cette autorité-là, ce n’est pas la peine de devenir député, professeur, président, voire parent. »

J’emprunterai, de façon très approximative sans doute, cette déclaration de Michel Serres pour écrire ce billet qui voudrait justifier l’impératif pour les enseignants africains d’acquérir des compétences dans la mise en ligne des cours et restituer une petite expérience personnelle des vertus de la classe en ligne dans le contexte congolais de l’enseignement supérieur. 

Le numérique à l’école, pour une formation si proche…et si lointaine…

L’entrée du numérique à l’école est perçue aujourd’hui comme une véritable révolution dans le monde de l’enseignement. En dépit des débats très ouverts que soulève encore cette entrée, de nombreux pédagogues la perçoivent désormais comme une alternative du futur dès lors qu’au seuil de ce 21e siècle, de plus en plus d’enseignants intègrent les technologies numériques dans leur pédagogie. Les qualificatifs pour décrire les applications liées à la métamorphose de la pratique de l’enseignement occasionnée par l’entrée des technologies numériques dans l’enseignement sont nombreuses. On parle désormais de e-learning, de Foad, de Moocs ou Clom, de webpédagogie, de réseaux sociaux éducatifs, de blogging, de formation à distance, de la classe inversée, etc.., pour caractériser cette mutation progressive et, sans doute, inéluctable des formes de l’enseignement qui intègrent dorénavant la puissance de l’internet et donc du numérique dans divers scénarios pédagogiques d’apprentissage et d’enseignement. Et les outils, pour matérialiser ces nouvelles pratiques, sont diversifiés comme l’indique la figure ci-dessous.

 

Classe numérique

Dans le contexte pléthorique des enseignements dans les universités africaines en général et congolaises en particulier, l’avènement du numérique est perçu comme une chance dès lors que concevoir, animer et diffuser son cours en ligne favorise la délocalisation de l’enseignement et privilégie une forme constructiviste de l’apprentissage des apprenants. La classe numérique peut ainsi corriger ce triste phénomène de la classe pléthorique africaine et contourner la contrainte et le défi de la distance.

Retour sur une première expérience d’enseignement en ligne

 Ceci est particulièrement vrai dans le cas précis de la RDC, un vaste pays de plus de 2 millions de kilomètres carrés de surface où les distances à couvrir entre certaines villes sont énormes pour un pays, qui à ce jour, manque encore cruellement des moyens primaires suffisants de communication. Kinshasa et Beni sont deux villes congolaises. La première est connue pour être la capitale de cette vaste République démocratique du Congo. La deuxième est une ville du Nord-Kivu située à plus de 2000 km de Kinshasa dans l’est de ce pays. Je réside à Kinshasa. J’y professe dans certaines universités et instituts d’enseignement supérieur kinois principalement à l’Institut facultataire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic). J’y enseigne, entre autres, les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Dans sa très grande majorité, les enseignants congolais évoluent encore dans un contexte de très faible intégration pédagogique des TIC dans l’enseignement. Je me situe néanmoins dans la minorité de ces enseignants qui fait exception et s’efforce d’associer les TIC dans leurs pratiques pédagogiques. J’ai conçu et développé quelques cours en ligne sur la plateforme MOODLEde développement des enseignements à distance.

Au mois de juin 2013, je recevais une invitation très pressante de l’université chrétienne bilingue du Congo (UCBC) de Beni pour y aller assurer quelques enseignements au département de journalisme multimédia de la faculté de communication de cette université. Les étudiants de cette université suivent des enseignements dans le cadre d’une nouvelle politique d’enseignement fondée sur des nouveaux curricula au format Licence Master Doctorat (LMD). Les finalistes étaient menacés d’une année blanche au cas où ils manquaient de suivre mes enseignements avant la fin de l’année académique en cours fixée à fin juillet 2013. Attentif à l’appel désespérant de l’UCBC, ma disponibilité pour rejoindre l’UCBC est forte mais timorée par :  

  • Un premier problème : l’UCBC se trouve à Beni ville où sévit alors une insécurité récurrente dans cette partie de la RDC où fourmillent des rébellions et des forces dites négatives que sont les M23, les Mai Mai, les ADF-NALU, etc. A longueur de journée les nouvelles diffusées par quelques radios kinoises (TOP CONGO FM et/ou RADIO OKAPI) sont dissuasives pour tout cœur vaillant qui tente de se rendre dans cette partie de la RDC. Aller à Beni ou ne pas aller à Beni ?  Je suspends mon désormais terrible choix kafkaïen à la sagesse familiale dont je sollicite l’avis. Le verdict, je m’en doutais bien, est formel : négatif. Pour mes enfants et leur mère, il ne faut pas aller à Beni.
  • Puis un deuxième problème : comment enseigner sérieusement cinq matières en quelques semaines ?

Aubaine pour moi : puisque j’ai mes cours en ligne, la solution est là… à portée de mains. Je vais inviter les étudiants à suivre mes cours à distance. Hélas, la première tentative d’inscription à distance des étudiants sur la plateforme est un fiasco. Les étudiants ne semblent pas détenir les habiletés et prérequis de base pour assimiler cette forme d’enseignement. Dommage. Mais surtout, la connexion internet est scabreuse en RDC. Elle ne favorise que difficilement la réalisation d’une telle application. Je me résous alors à recourir aux enseignements en E-BLENDED dont le mode d’apprentissage mixte associe une utilisation conjointe du e-Learning  en « distanciel » et le mode classique d’apprentissage en « présentiel ». « 

Placé devant un autre dilemme : abandonner ou ne pas abandonner ces pauvres étudiants à une année blanche, mon choix est fait. Un peu à contre-œur, je dois rejeter l’avis de sagesse parental. Et contre vents et marées, je vais à l’UCBC de Beni. Au bout d’un mois et au terme d’un travail intensif, j’assure des enseignements dans un environnement certes stressant, mais jamais désolant. Je suis follement enthousiasmé par l’assiduité de mes étudiants et, contrairement à mes craintes de départ, par leur célérité à assimiler la pratique des cours en ligne. Deux de mes enseignements sont alors entièrement assurés en présentiel, les trois autres le sont en ligne en e-learning.

Au final, c’est content d’avoir été au chevet et au contact d’une jeunesse dont le désir d’appartenir à leur chère nation congolaise ( la RDC) m’a séduit,  et transformé par l’accueil reçu, l’assiduité, la motivation et la pugnacité d’apprendre de mes étudiants que je rentre à Kinshasa poursuivre une expérience qui va se renouveler cette année.

En définitive et en phase avec cette belle « divise-slogan » de l’UCBC transcrite et lisible sur tous les murs de l’université : « Being transformed to transform », je me réjouis que l’UCBC de Beni m’ait vraiment transformé et béni.

Etre transformé, pour transformer c'est possible à l'UCBC de Beni
Etre transformé, pour transformer c’est possible à l’UCBC de Beni


L’AFRIQUE GAGNE AVEC LES TIC

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Avec une adhésion volontariste de sa population au schéma de développement charrié avec et par les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’Afrique montre qu’elle peut désormais elle aussi gagner

L’Afrique connectée à l’initiative de Google

Certaines voix autorisées le disent désormais à haute voix : une autre Afrique se profile, celle qui gagne avec les technologies de l’information et de la communication (TIC). Grâce au Web et avec notamment le soutien de Google dans son PROJET D’UNE AFRIQUE CONNECTÉE, l’espoir d’une nouvelle Afrique gagnante est, en effet, désormais possible. Certes, aucune étourderie n’est permise, l’action de GOOGLE en direction de l’Afrique n’est pas un simple acte de philanthropie. C’est même, à ne point en douter, une perspective d’un vaste INVESTISSEMENT A BUT LUCRATIF. L’initiative me semble, néanmoins, offrir à une Afrique nouvelle qui, s’appuyant dorénavant sur les technologies de l’information et de la communication, une occasion d’insuffler un nouvel élan au processus de développement du continent dans une perspective gagnante.

Internet puissant outil de développement

C’est presqu’un altruisme de dire aujourd’hui que la puissance de l’Internet et les autres outils des TIC investissent et révolutionnent presque toutes les branches de l’activité humaine. Des secteurs socio-économiques considérés comme des principaux vecteurs du développement, à l’instar de l’information, les télécommunications, l’éducation, la science, le commerce et la santé intègrent de plus en plus des outils modernes de collecte, de traitement, de diffusion fondés sur les TIC. L’Afrique ne peut plus ignorer la puissance des ces outils sur son chemin du développement. Certes, il persiste encore une véritable césure numérique et informative entre le Nord et le Sud, mais cette facture, pour de nombreux observateurs avertis, va s’amenuisant et peut être rapidement comblée si des politiques hardies sont mises en place.

Les TIC et l’Internet : une chance pour l’Afrique

A la fin, les TIC et l’Internet apparaissent donc comme une véritable chance pour l’Afrique, dès lors que leur usage n’est régenté par personne. L’Internet donne ainsi à l’Afrique et aux africains l’occasion de faire entendre leur voix et/ou de tracer leur voie en se présentant en face de la communauté mondiale non plus comme des simples consommateurs, mais aussi comme des pourvoyeurs d’idées, pourquoi pas, de développement. En se fondant sur cet avantage, certains économistes contemporains suggèrent à l’Afrique, pour réduire son écart de développement avec le Nord, d’opter pour la théorie de LEAPFROGGING. Cette théorie du « SAUTE-MOUTON » qui permettrait à l’Afrique de prendre le raccourci culturel et économique pour réduire son écart de développement avec le Nord. Problème: la théorie du saute-mouton suppose et exige au sauteur d’avoir des jambes solides pour ne pas les briser à la réception.

L’Internet, un « leapfrogging » pour les africains

Et si les TIC et Internet offraient aujourd’hui aux africains ce raccourci à la « saute mouton…? » Il ne leur resterait plus alors qu’à raffermir leurs jambes. Et les jambes solides en TIC, j’en reste convaincu, les africains les possèdent bien. Les exemples de réussite des projets TIC comme celui du congolais Vérone Mankou, 25 ans, porteur du projet de PREMIÈRE TABLETTE TACTILE  AFRICAINE et bien d’autres à découvrir sur cette AFRIQUE CONNECTÉEsont éloquents. Comme qui dirait : « avec les TIC et l’Internet, l’Afrique sait, aussi, être autre chose que cet éternel continent de théâtre de conflits, de famines, de maladies et des ignorances de toutes sortes ».

 


Le numérique et l’histoire se marient pour immortaliser Nelson Mandela

Mandela

A la fin décembre, les médias de tous bords ont coutume de sonder leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs sur les faits marquants de l’année. Pour moi, l’évènement qui aura incontestablement marqué l’année 2013 reste la « mort » de Nelson Mandela. Ma curiosité, dans une courte navigation sur le net autour de cet événement, m’a agréablement surpris sur les vertus d’immortalisation offertes actuellement par les TIC. Je suis tout heureux que le totem Mandela en soit aujourd’hui un des premiers bénéficiaires. 

Le numérique rejoint l’histoire 

Quand le numérique et l’histoire se rencontrent et se marient, ils ne peuvent que procréer l’immortel. C’est désormais une profonde conviction pour moi. Une parfaite concrétisation de cette heureuse jonction de la technologie et de l’histoire est fournie aujourd’hui, avec le lancement du musée virtuel consacré à Nelson Mandela.

Le musée virtuel : fruit du partenariat Nelson Mandela Center of Memory avec l’Institut Culturel Google

La création de ce musée virtuel est le fruit d’un partenariat entre le Nelson Mandela Centre of Memory de Johannesburg associé à l’Institut Culturel Google. Le premier, propriétaire des contenus du musée a déterminé la sélection des mises en ligne et obtenu un investissement de 1,25 million de dollars de l’institut Culturel Google. Le second, Google a apporté une assistance technique.

Mandela, une légende dont les traces sont désormais accessibles en ligne

Le nouvel espace en ligne engendré par cette collaboration retrace pas moins de 83 ans d’histoire du premier président noir de l’Afrique du Sud. Plus de 2 000 documents, photos, vidéos sont ainsi répartis en sept sections ou sept salles d’exposition. De 1929, avec une carte de membre de l’Église méthodiste, à 2012, avec une photographie prise en compagnie de son arrière-petit-fils Qheya II Zanethemba, les documents personnels de Mandela sont contextualisés et démocratisés. Ce site présente également des dessins ou travaux inédits de Nelson Mandela.

                                                        

Une mine d’informations et d’archives sur une icône immortelle qui mérite bien une visite à l’exposition et une prompte découverte du MUSEE VIRTUEL MANDELA. On ne s’y lasse pas. Bonne promenade virtuelle.

 


Amadou Haya Sanogo le malien et Michel Djotodia le centrafricain : Après le pouvoir… les déboires au bout du fusil !

Deux itinéraires politiques qui se ressemblent ?

Sanogo le malien et Djotodia le centrafricain constituent, deux cas africains caractériels de prise de pouvoir politique qui me suggèrent ce billet. Sans doute inspirés de la pédagogie militaire de MAO de conquête de pouvoir fondée sur son célèbre précepte de : « le pouvoir est au bout du fusil », ces deux hommes semblent expérimenter aujourd’hui, à leurs dépens,  un exercice de pouvoir plutôt jonché de : « déboires au bout du fusil ». 

Le cas Amadou Haya SANOGO, le malien

Ce jeune et bouillant capitaine, destitue par son coup d’état militaire du 22 mars 2012 le président Amadou  Toumani Touré qu’il accuse de laxisme et d’inaction face à la tentative de partition de toute la zone nord de son Mali de cœur par les rebelles touaregs du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) qui ont conquis le nord du Mali et déclaré alors l’indépendance de l’Azawad.

Beaucoup d’observateurs voient, en son temps, dans cette tentative, la conséquence d’un effet boomerang de déstabilisation de l’hinterland du Maghreb que tout le monde redoutait après la mort de Mouammar Khadafi et le changement de pouvoir en Libye.

Le Mali allait être ainsi la première victime de cette déstabilisation. Et pour les rebelles touaregs maliens du MNLA, l’occasion était trop belle, pour ne pas la saisir, afin d’exhausser enfin des velléités d’autonomie longtemps étouffées. Amadou Haya Sanogo dénonçant une gestion calamiteuse du conflit entre l’armée et la rébellion touareg renverse donc Amadou Toumani Touré en fin de mandat présidentiel dans un contexte de prochaine élection présidentielle à laquelle ce dernier ne se représentait d’ailleurs pas.

Oui mais,en destituant Amadou Toumani Touré, Sanogo, a-t-il suffisamment mesuré la portée de son acte ? ATT n’est pas n’importe qui. C’est « le soldat de la démocratie » qui bien qu’ayant lui aussi destitué Moussa Traoré par un coup d’état militaire en mars 1991, n’exercera et ne conservera le pouvoir présidentiel que le temps d’une transition démocratique. Il réussira, en effet, à organiser du 29 juillet au 12 août 1991 une conférence nationale puis des élections présidentielles en 1992 à l’issue desquelles il remet le pouvoir à un nouveau président élu Alpha Oumar Konaré.

Plus tard, le soldat de la démocratie, qui aura entre-temps demandé et obtenu sa mise en retraite anticipée de l’armée, exercera deux mandats présidentiels, entre (2002-2007) et (2007-2012), à l’issue, chaque fois, des élections présidentielles qu’il gagnera démocratiquement. Le Mali est alors cité parmi les rares expériences et modèles de réussite démocratiques en Afrique.

Espoirs déçus, désillusions et…

A sa prise du pouvoir, une bonne partie du peuple malien, sans beaucoup de discernement politique sans doute, exulte et espère une reprise en main rapide, par l’armée de Sanogo,  de la situation militaire dans le nord du Mali. Le capitaine devient alors Chef de l’Etat au terme de l’ordonnance no 0001 du 26 mars 2012 de son Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE). Il suspend les institutions et la constitution du Mali avant finalement d’être contraint, sous la pression internationale, à rétablir les institutions démocratiques et à remettre le pouvoir aux civils en resituant, à la constitutionnelle, le 12 avril 2012, l’intérim de la présidence de la république au président de l’Assemblée nationale malienne Dioncounda Traoré, après la démission de Amadou Toumani Touré.

Somme toute, Amadou Haya Sanogo ne sera resté Chef de l’État malien de facto que 20 jours. Peut-il bénéficier de l’excuse du temps ? Sans doute oui. Toujours est – il que durant son court mais imposant règne, bien qu’ayant remis le pouvoir aux civils, Sanogo garde une autorité puissante en dirigeant une importante partie de l’armée, en procédant à des arrestations d’anciens militaires et d’hommes politiques, etc..  Il est investit président du « Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité » par Dioncounda Traoré, le 13 février 2013 avant d’être promu, à l’étonnement de tous, au grade de général de corps d’armée par décision d’un conseil des ministres malien du 14 août 2013 peu avant le deuxième tour des élections présidentielles du Mali de 2013.

De la reprise en mains de la situation militaire au nord : c’est plutôt une cruelle désillusion. Le sursaut d’orgueil espéré de l’armée malienne de Sandogo ne se produit pas. Plutôt hystérique et fanfaron, à souhait, Amadou Haya Sanogo, le  vrai « nouvel homme fort » du Mali, se prélassant à Bamako,  ne saura, ni réorganiser l’armée, ni se porter au front pour endiguer l’avancée des rebelles touaregs vers le sud. Le Mali ne tiendra la survie de son ‘unité et de son intégrité territoriale gravement menacées par les rebelles touaregs qu’à l’intervention de l’armée française qui stoppera net l’avancée des rebelles vers Bamako.

Le seul haut fait de guerre et de restauration de l’Etat (sic) de Sanongo ne restera en définitive que l’écrasement dans le sang d’une tentative de contre coup d’état menée par quelques soldats bérets rouges maliens plutôt pro Amadou Toumani Touré. Même le président intérimaire Dioncounda Traoré  subira les conséquences de l’hystérie de Sanogo lorsqu’il sera lynché dans son palais présidentiel le 21 mai 2013.

… déboires de SANOGO

Au terme d’un processus laborieux mais finalement démocratique qui se termine par l’élection de Ibrahim Boubacar Keita comme actuel président du Mali, les déboires commencent pour Sanogo. Un charnier est découvert non loin de Bamako. Le charnier contient 21 corps, probablement de militaires bérets rouges disparus sous son règne et entérrés dans une fosse commune à Diago. Le nouveau général des corps d’armées Sanogo est aussitôt accusé par la justice malienne de crimes et de complicité de crimes. Vite rattrapé par l’histoire, il apprendra ainsi, à ses dépens, que le pouvoir au bout du fusil peut facilement se muer en déboires au bout du fusil. Une facile traduction de la version biblique : « Qui tue par l’épée, périt par l’épée« 

Le cas Michel DJOTODIA, le centrafricain

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Autre cas caractériel d’accès au pouvoir anti-démocratique, l’équilibriste Michel Djotodia a un itinéraire politique presque semblable à Sanogo. Il s’appuie lui aussi sur le même précepte maoïste de conquête du pouvoir au bout du fusil.  Soutenu par une horde des mercenaires tchadiens, soudanais, camerounais, etc.. il renverse Bozizé et devient président de la République Centrafricaine en mars 2013. La coalition des rebelles qui le porte ainsi au pouvoir se nomme séléka.

Comme leur chef (sic!), le mouvement de rébellion séléka est majoritairement, semble t-il, formé des musulmans sur lesquels, confronté à la réalité du pouvoir réel, Michel Djotodia ne semble avoir ni maîtrise ni contrôle. Les séléka (qui, ironie de langue, signifie alliance, en sango, une langue nationale centrafricaine), vont, aussitôt conquis le pouvoir, s’illustrer dans des actes d’assassinat, de pillage, des viols, etc.., d’une horreur rarement atteinte ailleurs, en direction de la communauté chrétienne qu’ils accusent soit de résistance, soit de soutien au pouvoir déchu de Bozizé. D’aucuns cependant, en dernière analyse, pensent qu’ils veulent manifester ainsi leur mécontentement face aux promesses et récompenses non respectées. Rançon de guerre mal partagée en quelque sorte.

Face aux exactions des musulmans de la séléka, les chrétiens se regroupent en milices d’auto-défense anti-balaka.  C’est le début d’un cycle infernal d’attaque, contre-attaque, représailles, contre-représailles. Un véritable « œil pour œil, dent pour dent » entre deux confessions religieuses qui ont su pourtant vivre longtemps en parfaite harmonie. Le summum des massacres et des tueries aveugles est atteint à Bangui la capitale entre jeudi 5 et lundi 9 décembre 2013 avec plus de 400 personnes tuées par balles et/ou autres armes blanches.

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L’ONU, sur une résolution de son Conseil de sécurité, autorise alors la France à intervenir militairement au côté de la Misca, une force composée de soldats africains de plusieurs pays opérant en Centrafrique, dans le but de rétablir l’ordre et de stabiliser le pays.

Le chaos n’est pour autant pas évité. Il est complet et l’incompétence au sommet de l’Etat est à son comble. Curieusement, face au drame que vit le peuple centrafricain, Michel Djotodia a pour toute réponse, un discours et une attitude plutôt déroutants. A lire Yannick Nalimo, qui lui prête, les propos ci-dessous dans LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE, on ne peut qu’être ahuri, sinon révolté, de l’étourderie politique de Djotodia dans le contexte historique actuel de la république centrafricaine.  Michel Djotodia, Président de la République Centrafricaine déclare, pèle-mêle, à qui veut l’entendre :

« Je voudrais rassurer la communauté internationale car tout le monde est préoccupé par l’insécurité qui règne en République Centrafricaine, je le suis moi aussi. Je me dois d’écouter la population qui souffre, je veux rétablir l’ordre et la paix ».

« Les forces vives qui m’ont porté au pouvoir doivent regagner leurs bases et je les en remercie, car ils ont fait du bon travail ».

« Je suis un Chef d’Etat responsable».

« Je ne m’enfermerai pas dans une tour d’ivoire. Je veux aller rencontrer la population et je serais à son écoute ». Par ce que « tout doit changer »

Dans un discours qu’il ponctue par  un final : « Que Dieu bénisse la Centrafrique »

Je ne suis pas centrafricain, certes. Mais qu’on ne m’accuse pas d’ingérence ou de fouine importune dans les affaires d’un Etat qui n’est pas le mien. Car je suis, après tout, de l’Afrique centrale et reste persuadé que le proverbe africain « quand la maison du voisin brûle … »  n’est pas une simple anecdote. Aussi, j’invite la communauté internationale (un concept flou), si lente à voler au secours des peuples en danger d’extermination, à bien soupeser l’incurie et l’irresponsabilité des apprentis politiciens de tout bord, à l’instar d’un Michel Djotodia et à l’aider à s’en aller. Après … le pouvoir au bout du fusil, voici venu aussi pour lui, le temps des … déboires au bout du fusil. J’aimerais, pour cela, pouvoir compter sur des propos de certains mentors de cette fameuse communauté internationale :

François Hollande  (Président de la France) : « On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire et qui a même laissé faire ».

Samantha Power ( ambassadeur américain à l’ONU ) en direction des hommes forts actuels de Bangui :  « Les gens puissants n’aiment généralement pas abandonner le pouvoir. Je pense que c’est probablement bien votre cas, et c’est aussi le mien. Il est extrêmement important que ces gens puissants, le président Djotodia, le Premier ministre et le président du conseil, acceptent de quitter le pouvoir dès que ces élections se produiront et ils ont convenu de tenir ces élections au plus tard en février 2015.« 

Déjà, en écho sur rfi, l’invite de Idriss Deby, Chef d’Etat du Tchad, considéré par beaucoup comme le principal mentor de la prise de pouvoir de Michel Djotodia à Bangui, au peuple centrafricain à ne pas confondre les mercenaires tchadiens qui ont accompagné Djotodia dans la conquête du pouvoir et les troupes tchadiennes de la Misca, est de bonne augure. De tels propos de la bouche d’un Idriss Deby sonnent comme un véritable désaveu de l’actuelle « homme faible » de Bangui.


Nelson Mandela « Madiba » et Tabu Ley « Rochereau »… « ces deux là », peuvent t-ils vraiment mourir ?

TABUNEL

NELSON MANDELA et TABU LEY

Deux totems et immortels africains

Ce billet, je le classe dans la catégorie « Non classé » de mon blog. Il sort un peu de ma ligne éditoriale initiale. Je le publie avec une certaine appréhension. Son titre, peut paraître, en effet, désobligeant à certains. Aurais-je donc, contre tous,  un cœur de pierre en lieu et place de chair pour ne pas compatir au malheur qui frappe globalement le monde avec la disparition de l’icône Nelson Mandela « Madiba » et particulièrement ma communauté congolaise avec celle de « Rochereau » Tabu Ley le « seigneur » de la musique congolaise. Non, il n’y a aucune trahison derrière ce questionnement. Seule une conviction que « ces deux là » sont, avant tout, des totems. Et je sais qu’en Afrique les totems ne meurent pas. Je suis africain. Comprenez donc ma perfidie et laissez-moi leur rendre hommage de cette manière.

Deux morts qui se suivent et qui me surprennent dans deux postures différentes

Celle de Tabu Ley « Rochereau »

La première, celle de Tabu Ley « Rochereau » le seigneur de la rumba congolaise secoue mes oreilles le 30 novembre 2013. Tabu Ley venait de mourir à Bruxelles, aux cliniques universitaires Saint-Luc, de suite d’une longue maladie. En fait le seigneur Ley n’est jamais revenu d’un AVC qui l’a terrassé quelques années plutôt. Je me porte immédiatement sur les réseaux sociaux où quelques vidéos en rapport avec cet événement doivent certainement être déjà en ligne. Je ne me trompe pas. Je tombe notamment sur cette vidéo de l’inconsolable Papa Wemba qui ne peut ni ne veut se résoudre à la réalité. Faisant allusion au talent de Tabu Ley, le congolais Didier-Thierry M’buy Mitwo sur son compte facebook dans un papier qu’il intitule « Rochereau plus grand et plus fort que « vieux Kassongo » emprunte les propos d’un chanteur français : « je ne voudrais pas que la mort me trouve du talent! » pour tordre le cou à une certaine pudeur hypocrite qui voudrait qu’on loue un artiste décédé, même s’il n’en est pas digne!! Heureusement, pour lui que le talent de « Rochereau« , vivant ou mort, a toujours inspiré le plus profond respect, un talent devant lequel tous les chanteurs et musiciens congolais se doivent  très respectueusement de se lever et de baisser les yeux… Ce « rochereau-là » dont l’oeuvre musicale laisse à l’Afrique entière un héritage incommensurable, mérite un billet sur mon blog. C’est comme cela que je veux lui rendre hommage. Quand je me décide à le faire,  je suis, hélas, happé par une grippe qui me contraint à m’aliter et à postposer la publication de mon billet. Qu’importe, cette maudite grippe finira bien par me lâcher et mon désir s’accomplira.

Celle Nelson Mandela « Madiba »

C’est donc de mon lit, à l’écoute de rfi la radio du monde, qui, très souvent dans pareille posture, me sert de compagnon de chevet que j’apprendrai le 5 décembre 2013,  la deuxième terrible nouvelle de même semaine : la mort de Nelson Mandela. De mon lit, incapable d’ouvrir mon ordinateur et de me connecter au net, il faut dire aussi que le terrible délestage de courant est passé par là, je suis tout de cet événement sur rfi. Je ressens un plaisir immense à entendre l’unanime hommage que le monde, par cette grande radio mondiale, rend à cet homme hors pair pendant mes deux ou trois jours  d’alitement. Tout l’hommage de rfi  se résume ICI en une phrase : la mort de Nelson Mandela est un choc mondial.  Je suis particulièrement ému par le culte (pourquoi pas) que lui rend Claudy Siar dans sa fétiche émission « couleurs tropicales« . C’est elle  qui me rappelle que, de son vivant le seigneur Tabu Ley et la belle Mbilia Bel avaient déjà immortalisé  Nelson Mandela dans Sisi Mandela. Oui, ces deux icônes « Madiba » Nelson Mandela et « Rochereau » Tabu Ley sont certes partis, mais leurs totems  persistent. Et chez nous en Afrique et pour nous africains, c’est encore Claudy Siar qui me le rappelle dans son émission, les totems ne meurent jamais… Je me refuse donc de prendre cela pour de la simple anecdocte. Pourquoi alors dirais-je à Nelson Mandela et Tabu Ley « de se reposer en paix » … Car ils sont encore bien vivants.