laackater

Entre Kinshasa et Brazzaville : un pare-feu de sécurité en lieu et place d’un pont sur le fleuve congo ?

KINBRAZZAZ

A la lumière des récentes et massives expulsions des RD-Congolais du Congo-Brazza vers leur pays d’origine et des nouvelles mesures diplomatiques instituant désormais un visa de séjour, en lieu et place d’un simple « laissez-passer« , aux ressortissants de deux pays, tout semble indiquer que les « politiques » congolais des temps modernes ont choisi d’établir un pare-feu de sécurité entre leurs capitales respectives, plutôt qu’un pont. Dommage.

Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales les plus rapprochées au monde   

La République démocratique du Congo et la République du Congo-Brazzaville, on le sait, sont les deux capitales les plus rapprochées du monde. En effet, Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, et Brazzaville celle de la République du Congo ne sont séparées que par un fleuve : le fleuve Congo.

Par essence, une rivière est faite pour séparer deux entités géographiques différentes. Elle sert, malheureusement, dans ce cas, souvent de frontière naturelle qui éloigne et divise des peuples. A contrario, une rivière peut sous-tendre une vraie unification et rapprocher ses riverains lorsqu’elle supporte un pont qui relie leurs rives.

A la lumière des récentes et massives expulsions des RD-Congolais du Congo-Brazza vers leur pays d’origine et des nouvelles mesures diplomatiques instituant désormais un visa de séjour, en lieu et place d’un simple « laissez-passer« , aux ressortissants de deux pays, tout semble indiquer que les « politiques » congolais des temps modernes ont choisi d’établir un pare-feu de sécurité entre leurs capitales respectives, plutôt qu’un pont. Dommage.

Et pourtant…

Dans les temps anciens, les riverains et utilisateurs de ces deux pays ne se sont pas beaucoup, sinon jamais, interrogés sur l’unité que leur a toujours procuré le fleuve Congo qui les a pourtant toujours séparés. Dans l’histoire récente de ces deux pays, des musiciens congolais, à l’instar de Franklin Boukaka, ont vite fait d’incarner cette réunification de deux Congo dans cette belle mélodie :  » Pont sur le fleuve Congo « .  

https://www.youtube.com/watch?v=mWa-Rfub9Yw

Franklin Boukaka a su dans sa chanson exprimer un souhait larvé des peuples riverains : celui de créer un pont entre Brazzaville et Kinshasa, un souhait jamais exhaussé par les « politiques« . Sa complainte musicale chantée en langue lingala, une langue parlée sur les deux rives du fleuve Congo, je la comprends aussi comme le symbole d’un pont entre les âmes des peuples des deux rives. Elle évoque aussi une sorte d’angoisse permanente des citadins devant la multiplication des conflits sociaux et  une dégradation des valeurs morales positives au profit de l’argent et de la haine. Dans sa traduction française, voici le condensé de la complainte de Franklin Boukaka :

Mes amis, le Congo d’aujourd’hui est un grand Congo
Vraiment cela se fait voir
La façon dont le Congo s’est développé
Mes amis, recevez aujourd’hui mes encouragements
Pour l’unité du Congo
Suivons en cela les conseils de Lumumba
Que l’entente règne entre Kinshasa et Brazzaville

Une absence d’intégration économique et sociale…

Au-delà de l’anecdote, il ne faut pas être économiste  sociologue ou anthropologue de renommée pour comprendre l’effet bénéfique d’une intégration économique et sociale qu’un pont apporterait sur les deux pays. Hélas, hélas…, c’est à croire que, de chaque côté, des deux rives du fleuve les experts n’ont jamais su à ce jour argumenter auprès de leurs  « décideurs politiques « .

Un pare-feu de sécurité ?

En revanche, il est fort intéressant de constater l’ahurissante facilité de ces décideurs politiques à intégrer le concept de sécurité censé, sans doute, sauvegarder leurs intérêts et privilèges particuliers. En prenant la métaphore du pare-feu de sécurité informatique, on croirait nos décideurs politiques plus aptes à assimiler les normes de sécurité informatique. Pourquoi s’étonner : ne sommes nous pas tous entrés dans l’ère du « tout numérique » qui conduit le monde moderne actuel ? Aucune ignorance de cette discipline n’est plus permise aux personnes qui ne veulent plus s’afficher comme des analphabètes du 21e siècle. Surtout quand celles-ci sont des personnes très « médiatisantes »

Dans cet élan, il est plausible d’imaginer que les « politiques » congolais de deux rives ont, sans doute, vite compris que pour « leur sécurité« , l’irrigation d’un pare-feu entre les capitales était plus encline à protéger leurs intérêts. Ils n’ont cure de l’intégration économique ou sociale de leurs pays et peuples respectifs. 

Qui a dit que : « la rivière ne voit jamais le dessus du pont » ?

REFOUL

Sur les expulsions récentes et encore en cours des RD-Congolais du Congo-Brazza, la force et la puissance du « tout numérique » au travers des réseaux sociaux ont décrit des faits graves, montré des images horrifiantes et des scènes insoutenables de ces expulsions. Hier, fin avril, c’était plus de 130 000 RD-Congolais expulsés de Brazzaville. Aujourd’hui fin juillet, c’est près de 14 000 qui le sont de Pointe-Noire.

Lors de ces déplacements, on a pu voir les écarts et abus insupportables de comportements de policiers brazzavillois qui ont accompagné et/ou accompagnent encore ces expulsions. Ni la langue de bois de quelques officiels congolais de Brazzaville qu’on a pu entendre sur certains médias internationaux, ni le silence intriguant de ceux de Kinshasa ne sauront et/ou ne pourront continuer à masquer indéfiniment la vérité : les peuples sont sacrifiés sur l’autel de la sécurité des « politiques »congolais.

REFOUL2

Qu’à cela ne tienne, l’espoir pour le (s) peuple (s) congolais, si mince soit- t-il, reste néanmoins important. A l’image de la poétesse française, Chantal Dupuy-Dunier : «  La rivière ne voit jamais le dessus du pont « , ces peuples peuvent soutenir leurs espérances.

En effet, bien que parlant abondamment de la mort dans son roman  » Mille grues de papier » d’où est tirée cette citation, l’auteure y délivre aussi un immense message d’espoir. 

Pendant près de deux mois, le « boulot » m’a conduit dans le Congo profond, loin de ma permanente résidence de Kinshasa, la capitale de mon pays : la RDC. Un déplacement à « l’intérieur »  qui m’aura grandement édifié sur la qualité de la connexion Internet dans mon pays. En résumé : loin de Kinshasa, point de salut pour les « accros » du net. Le stress est permanent, la connexion Internet dans le pays profond, rame … rame et rame tellement. Le retour au bercail du net à Kinshasa la capitale, me permet de « billeter » à nouveau sur mon blog. Excusez-moi, donc de revenir sur des sujets qui peuvent sembler quelques peu anachroniques à certains, peut-être. Mais celui, pénible, du retour forcé des RD-Congolais vers leur pays m’aura tellement taraudé l’esprit qu’il m’a secrété ce billet…


Les yo-yo de la connexion internet à l’UCBC Beni, antithétique de la classe et de la formation en ligne ?

benserv

Depuis près de trois semaines, je suis (de nouveau) à l’Université Chrétienne Bilingue du Congo (UCBC) de Beni y répondre à une deuxième invitation de l’université pour y prester des enseignements à l’intention des étudiants de la filière multimédia. C’est une deuxième expérience pour moi, après celle de l’année académique 2012-2013.

En « seconde main » à mon premier métier d’enseignant, je suis blogueur. Autour de la thématique de « technopédagogie », je tente de susciter sur mon blog, dans le contexte africain et particulièrement congolais, un fructueux débat sur l’intégration progressive des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement (TICE). Aussi, même s’il m’arrive souvent de placer sur mon blog des billets  » hors-sujets » (sic), je n’oublie pas cette option initiale de mon blog. Chassez le naturel… di-on, il revient au galop…

Depuis peu, j’ai pris la résolution d’être un peu plus actif dans l’animation de mon blog. Une résolution que, hélas, je risque de partiellement rompre durant mon séjour à Beni. En cause : une scabreuse connexion internet, liée à son corollaire d’insuffisance d’électricité que je vis actuellement à Beni. 

De façon hypertextuelle, ces obstacles affectent également mon premier travail et pourrait m’ôter, face à mes détracteurs, un argumentaire sur les vertus de l’enseignement en ligne dont, pourtant, dans presque le même contexte situationnel, j’ai loué les mérites il y a un an ici. Cette année, je tenais à renouveler et à renforcer cette expérience que, hélas, les yo-yo de la connexion internet ne m’autorisent guère.

UCBC à Beni : une stressante connexion internet

Hélas, hélas, manifestement, la seule bonne volonté de la direction de l’UCBC ne semble plus suffire. Les ronronnements des accumulateurs de l’université ne fournissent que parcimonieusement l’électricité et, par ricochet, la connexion internet. Le recours aux rares cyber-centres du centre ville est astreint à la même réalité. Même quand les accumulateurs peuvent l’autoriser, le débit de connexion internet offert par ces centres ne permet pas toujours la pratique aisée de l’enseignement en ligne. En dehors du fait que ce recours est souvent hors-prix pour les étudiants.

A la guerre, comme à la guerre

BENIFOT1L’expression est bien connue et se dit souvent lorsque, pour une raison ou une autre, on doit s’en remettre à la débrouille pour obtenir un quelconque résultat qu’on arrive pas à atteindre par faute de moyens à portée de main. Dans ce panorama, je dois m’abandonner à la fatalité. Mieux, je dois m’adapter à « qui mieux-mieux » à la situation. Ne dit-on pas que l’adaptation est une faculté d’intelligence ? Et, comme enseignant, j’appartiens, semble t-il, par défaut au sérail des intellectuels. Je ne peux donc qu’en tirer la parfaite conclusion. Aussi, dois-je me résoudre souvent à préparer mes leçons dans l’ambiance feutrée d’un ordinateur éclairé à la torche, comme illustrée dans les images ci-contre, et soumise à une autonomie de fonctionnement  limitée. A la guerre comme à la guerre, dis-je, une façon, sans doute, de me rappeler que je suis à Beni, dans l’est de la RDC. 

BENIFOTUne entité de la RDC dans laquelle subsistent encore les séquelles d’une guerre récurrente que ni la fin présumée des fameux et affreux M23, ADF et autres Mai-mai…,tous des mouvements des rébellions combattus par les forces armées officielles, les Forces Armées de République Démocratique du Congo (FARDC), mais qu’elles n’ont pas encore totalement vaincu

Mais, est-ce là un motif suffisant pour le pouvoir central de Kinshasa de priver indéfiniment la ville de Beni du « Power », du pouvoir électrique si important de nos jours pour un vrai développement des peuples ? Assurément non. A quand alors l’implantation de la SNEL dans ce coin du pays ? En attendant une hypothétique réponse à cette question, je dis, pour l’instant, merci à un favorable mouvement que ce yo-yo de la connexion internet m’offre pou placer ce billet. Enfin, que personne ne s’amuse à croire qu’il pourrait me détourner de ma « technopédagogie« . 

benben

Nenni, c’est déjà perdu d’avance. Car j’ai pu bénéficier d’un appui inestimable. Celui des premiers intéressés, les étudiants pour qui, à ma grande joie, malgré les énormes difficultés de connexion internet, tous les moyens à leur portée, ordinateur, smartphone…, ont été bons pour expérimenter une pratique fortement appréciée. Qui veut la fin, veut le moyen dit-on.

 

 


Le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi va-t-il légitimer la répression en Egypte après l’onction du pouvoir de jure acquise ?

Sissi

C’est fait. Le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi a été élu nouveau président d’Egypte. Le résultat de l’élection présidentielle égyptienne dont l’issue était presque connue d’avance par les observateurs avertis, n’aura surpris presque personne. C’est même, me semble t-il, une énième manifestation d’un curieux concept de démocratie Nescafé, à l’africaine (sic!) que je découvre à la suite de la lecture d’un instructif récent billet de De Rocher Chembessi sur son blog. A lire les résultats du scrutin égyptien, on se dit que le mercure électoral aura vraiment chauffé à l’extrême pour Al-Sissi qui obtient 97 % des voix contre 3 % seulement à son faire-valoir d’adversaire Hamdine Sabahi.

Un bémol s’impose néanmoins. Ce plébiscite qui aurait pu désarçonner et dû rabattre le caquet à toute opposition égyptienne, aura été, hélas, timoré par un faible taux de participation des électeurs qui s’est situé à 36 % à l’issue de deux jours officiels de vote prévus. Même quand un troisième jour supplémentaire a été accordé aux électeurs, ce taux n’aura dépassé guère les 44 %. C’est à penser que, seuls les pro-Al-Sissi se sont rendus aux urnes, accorder ce plébiscite à leur idole. C’est dire aussi qu’un tel pourcentage de participation dévoile plutôt une sorte d’impopularité d’un homme dont on a cessé pourtant de vanter le contraire. Arguer, comme tentent de le faire, aujourd’hui, les pro-Al-Sissi, que malgré ce faible taux de participation, leur leader à été élu avec près de 23 millions de voix d’Egyptiens contre 13 millions à son prédécesseur Mohamed Morsi lors de l’élection de 2012, n’est qu’une petite consolation.

  • Le pouvoir d’Al-Sissi désormais légitimé…

Sissi1

En fait, dans toute cette entreprise, qu’il faut hélas, bien malgré soi, considérer formellement comme démocratique, je parie fort que Al-Sissi ne tenait qu’à rechercher une simple légitimation en pouvoir de jure d’un pouvoir de facto qu’il détenait déjà, depuis qu’il a, au nom d’une autre variante de démocratie, destitué et emprisonné son prédécesseur l’islamiste Mohamed Morsi. Un Mohamed Morsi que, pourtant, de nombreuses paires des yeux démocrates du monde, continuent à ce jour, à regarder comme le premier président égyptien véritablement et démocratiquement élu dans ce pays qui a vu déferler une vague historique des raïs à sa direction. En observateur désintéressé, on peut se demander si cet illusoire plébiscite de Al-Sissi lui donnera bientôt les coudées franches pour gouverner l’Egypte ? Pas très évident à mon avis, au regard de ce thermomètre de participation qui cache à peine, le boycott et le désintérêt d’une large portion du peuple égyptien à cette farandole élection présidentielle.

  • … va t-il aussi dorénavant légitimer la répression ?

Siss2i

Le désaveu, comme on peut le penser, de cette présidentielle égyptienne qui semble s’exprimer, au travers de cette faible participation, provient, à coup sûr, des diverses franges des populations du peuple égyptien composées, à mon avis, des milliers de bouillonnants révolutionnaires du mouvement du printemps arabe de 2011, de l’opposition progressiste, des mouvements de la jeunesse, etc. Mais surtout, des Frères musulmans frustrés, du coup fourré de Al-Sissi qui a chassé Mohamed Morsi de son fauteuil présidentiel en juillet 2013. Tout de suite, cette histoire récente du peuple égyptien, crée … in my mind, des prémonitions de doute, de crainte, de peur…  quant à l’avenir et aux lendemains postélectoraux présidentiels paisibles en Egypte. J’ai grandement peur que l’apparent calme actuel d’une après élection présidentielle boudée, ne soit qu’un simple leurre avant la bourrasque. Je crains que l’onction juridique acquise, le désormais plus que jamais homme fort du Caire actuel n’explose sa haine des Frères musulmans et n’accomplisse la menace d’élimination totale qu’il a récemment proféré à cette secte.  

Je fonde aussi mes peurs sur d’autres faits observables. Si déjà, dans sa posture de pouvoir provisoirement, de facto, Al-Sissi n’a pas hésité à massacrer près de 1 400 frères musulmans et à emprisonner quelque 15 000 autres d’entre eux au terme des procès bidon, qui l’arrêtera désormais de poursuivre sa besogne une fois l’onction de jure de son pouvoir acquise ? Et lorsque au-lendemain de son élection, de ses propres dires, il averti que la vraie démocratie en Egypte, ce n’est pas avant 25 ans, ne pourriez-vous pas me rejoindre dans mes inquiétudes ?

Déjà, en dépit du satisfecit de ses observateurs et de l’UE qui paradoxalement semble regretter (est-ce vraiment ?) l’absence et l’implication de l’opposition égyptienne dans le processus électoral, pour les Frères musulmans, le boycott des urnes est une nouvelle gifle au pouvoir de Al-Sissi et signe le certificat de décès de son coup d’Etat militaire du 3 juillet 2012, là où Shadi Hamid, chercheur au Saban Center américain, explique  :

« Personne hors d’Egypte ou en Occident n’a jamais cru qu’il s’agissait d’une élection libre et juste ». Mais avec la prolongation du scrutin, « le régime apparaît comme incompétent et ne cachant pas son cynisme, ce qui va galvaniser les Frères musulmans, qui diront qu’ils dénonçaient cela depuis le début. »

Les différents sons de cloche commencent déjà à résonner. L’histoire ne manquera pas bientôt de nous fixer sur le sort immédiat d’un grand pays et d’un grand peuple que malheureusement la folie humaine risque de tirer vers un abîme. Je ne le leur souhaite pas en tous cas.

 


Complainte de mère nigériane éplorée …. Puisse « Chibok » devenir « She’s back »

 Les larmes d'une mère nigériane de Chibok

 

Pour toutes ces mères nigérianes dont les filles ont été kidnappées à Chibok … Et si le chimérique devenait réel ?  Si… « Chibok »… devenait « She’s back » pour imaginer un retour sain et sauf de leurs rejetons au bercail ? Rêvons … rêvons … et surtout croyons et espérons. 

Face A : Dieu serait-il désormais nigérian ?

 

A cette forme interrogative de mon questionnement, volontiers enduite d’un petit vernis de nuance, un « ami sur Facebook » Didier-Thierry M’Buy Mitwo, moins hésitant, est quant à lui plutôt formel. Pour lui, « Dieu est désormais nigérian ». C’est le titre d’un post que, il y a peu, toute garde baissée, il a placé sur sa page Facebook. De sa belle plume et de manière imagée, Didier explose : 

le Nigeria court désormais très vite, plus vite que Usein Bolt, et tire très vite, plus vite que Lucky Luke

En fin de lecture de son posting, j’ai compris, très vite, que par cet encens, mon ami tenait à magnifier un grand pays ouest-africain, désormais nouvelle puissance économique du continent noir devant l’ex-indéboulonnable Afrique du Sud. Cette première place, de puissance économique africaine, le Nigeria la doit à son PIB  de 2013, qui selon les nouveaux critères de calcul du Bureau national de statistiques, intégrant désormais des secteurs d’activités qui n’étaient pas pris en compte auparavant, comme les télécommunications, l’immobilier ou encore « Nollywood » la gigantesque industrie du cinéma nigérian, a quasiment doublé par rapport à 2012, passant à 491 milliards de dollars contre 384 milliards de dollars pour l’Afrique du Sud qu’il détrône ainsi du sommet de l’économie africaine. Le Nigeria est aussi ce pays qui héberge le Noir le plus riche du monde en la personne de Aliko Dangote.

Une face reluisante que le Nigeria affiche aussi en football dont les Green Eagles, champions du monde chez les cadets, champions d’Afrique chez les seniors, iront bientôt se mesurer à la Coupe du monde, au Brésil, aux meilleurs du monde dans ce domaine. Et que dire de sa musique qui, selon le très sérieux Forbes Africa, a permis, ce pays, de placer sept de ses musiciens dans le Top 10 des musiciens les plus riches d’Afrique…

Quel beau palmarès, serait-on irrésistiblement tenté de dire. Quelle belle face A qui nous est présentée là, d’un beau pays, avant que, en quelques semaines, des tristes événements ne viennent dénaturer cette belle vision du Nigeria et ne nous laissent, hélas, découvrir une autre face, la face B  d’un pays dont on ne peut, à coup sûr, dire qu’elle soit aussi phosphorescente que la première.

 

Face B : Et si Satan était aussi désormais nigérian ?

La face B, celle assombrie par les actuels malheureux événements qui attirent sur le Nigeria, les phares de divers médias internationaux, commence avec une histoire d’enlèvement de près de 200 lycéennes d’une école publique de Chibok par Boko Haram, une organisation que beaucoup considère comme la glaive de l’islam au Nigeria. De Boko Haram, l’analyste Chris Ngwodo donne l’explication et résume en quelques mots, le programme de l’organisation :

Boko Haram est un néologisme haoussa, langue la plus parlée au nord du Nigeria, et signifie « l’Occident est impur ». L’organisation a été fondée en 2002 par Mohamed Yusuf, un prédicateur radical de Maïduguri, capitale du Borno [Etat musulman situé dans l’extrême nord de la fédération du Nigeria]. Mais ce n’est qu’en 2009 que Boko Haram se signale par des attentats meurtriers. Le gouvernement nigérian réagit. En juillet, l’armée lance une opération militaire contre la secte. Mohamed Yusuf est tué. L’Etat nigérian croit avoir décapité le mouvement. En vain ! Depuis, l’organisation s’est radicalisée, semant de nouveau la terreur dans le pays. Boko Haram est notamment très implantée dans le nord du pays – essentiellement musulman – et réclame l’application de la charia. (La fédération dans son ensemble est composée pour moitié de chrétiens et d’animistes.) « L’émergence de Boko Haram traduit la maturation d’impulsions extrémistes ancrées de longue date dans la réalité sociale du nord du Nigeria  

Dans une vidéo diffusée par cette organisation, peu après l’enlèvement des lycéennes de Chibok, Boko Haram dévoilera au monde, par le truchement de son nouveau chef, Abubakar Shekau, des images et un discours horribles et incrédules lorsque ce dernier y annoncera que les filles kidnappées seraient mariées de force ou encore vendues comme esclaves sexuels.

Aussitôt cette diffusion, des images bouleversantes des pères horrifiés et surtout des mères inquiètes, traumatisées et plongées dans la douleur, vont s’afficher sur nombre d’écrans des télévisions du monde. Dans les rues d’Abuja, de Lagos et d’autres villes du Nigeria, les mères nigérianes se réuniront pour dénoncer la désinvolture du gouvernement nigérian à sauver les jeunes filles enlevées. Les nerfs à vif, mais sans ambiguïté, les parents des enfants enlevés n’auront qu’une seule demande, face aux lamentables aveux d’impuissance du président nigérian Goodluck Jonathan, qui déclarera tout ignorer du sort des écolières enlevées : « Retrouver leurs enfants  »

Cette complainte va pousser les puissants de ce monde à s’y mêler. Les USA, la Chine, la France … vont offrir diverses aides au gouvernement nigérian pour solutionner le problème.

Et sur les réseaux sociaux, un #BringBackOurGirls est lancé sur lequel, du monde entier, de nombreuses voix vont s’exprimer pour dénoncer l’action de Boko Haram. Porté par la « première dame américaine » Michelle Obama, cet hashtag va booster et réveiller les médias et surtout les grandes célébrités féminines du monde, au drame nigérian.

Sur ces entrefaites, Boko Haram va diffuser une nouvelle vidéo des infortunées lycéennes toutes revêtues de la tenue musulmane de la burqua. Dans cette nouvelle vidéo, Abubakar Shekau déclarera avoir libéré spirituellement les filles en les convertissant à l’islam. Il marchande dorénavant leur libération physique, contre celle des membres du Boko Haram retenus par les pouvoirs publics nigérians, dans les différentes prisons de différentes villes  nigérianes.

 

 

Un espoir ontologique de libération

Quel espoir de libération, de ces lycéennes, peut entretenir ce marchandage ? L’assurance demeure-t-elle de les retrouver saines et sauves un jour ? Comme il est, hélas, totalement hasardeux présentement de répondre positivement à ces questions.

En matière de dogme, il est souvent difficile de se prononcer sans heurter, parfois, les consciences de certains de ses amis avec lesquels on ne partage pas les mêmes convictions ou croyances religieuses. Face à cette action de Boko Haram, certains amis musulmans ont, naturellement, des certitudes religieuses différentes des miennes et peuvent partager une opinion différente de la mienne. Je reste néanmoins imperturbable, car je trouve tout simplement répugnant de laisser les parents, les proches et tous les Nigérians inquiets et tourmentés, sans réponse face à l’ignominie de cet acte de Boko Haram.

Aux dernières nouvelles, on apprend ici, la volonté du pouvoir nigérian de dialoguer avec Boko Haram pour la libération des lycéennes. Dans l’expectative, il faut se réjouir de cet espoir ontologique et communiquer cette espérance à chacune de mère nigériane touchée par ce drame, afin que la complainte de chacune d’elle : May « Chibok », become « She’s back » to … Chibok… devienne réalité et que le vœu de chaque maman de retrouver son rejeton soit exaucé.

Enfin, que … God bless Nigeria

 

 


Une intéressante diversité de « sons de cloche » chez les mondoblogueurs

 SON DE CLOCHE1

Je viens de terminer la lecture de quatre nouveaux billets sur la plateforme Mondoblog. Il me fallait les lire, ces billets, pour réaliser la grande richesse de la langue française. Celle-ci est pleine de nombreuses locutions dont les tournures d’usage et la variété de sens sont intéressantes. Il en est ainsi de la locution son de cloche dont l’usage est particulièrement pertinent lorsqu’il peut charrier et entretenir une sorte de paradoxe de sens.    

Au départ, la cloche désigne un objet rangé dans la famille des instruments de percussion. Lorsqu’on le percute, il produit et émet donc un son. Dans la langue française, le mot « cloche » présente ou est associé à de nombreuses expressions. Par exemple, Être cloche, signifie : être stupide, bêteSe faire sonner les cloches, c’est se faire violemment réprimanderSauter à cloche-pied, c’est sauter sur un seul pied. Quand on dit : il y a quelque chose qui cloche, on manifeste simplement que quelque chose ne va pas, quelque chose n’est pas normal. De même, l’expression avoir le même son de cloche exprime généralement le fait d’avoir le même avis, la même opinion sur un sujet. Et quand on entend un autre son de cloche, c’est qu’on entend un autre point de vue. Etc..

Les dernières variantes de cette expression ont focalisé mon attention dans l’usage et le sens qui leur est fait ou que je crois, peut-être faussement, attribuer aux auteurs des quatre articles que j’ai lus. Les billets incriminés sont de Maloji, Ulrich Tadajeu, Isabelle Kichemin  et JR Abcdetc.

Sans une concordance absolue de contexte, les quatre billets décrivent néanmoins, en commun, le concept de voyage mais selon différents sons de cloche.

MALOJI

Le premier Maloji, dessine une information très actuelle qui évoque le voyage de retour forcé des refoulés rd-Congolais de Brazzaville vers Kinshasa. A ceux, surtout d’entre eux, qui ont eu à endurer des horribles exactions de la part de certains policiers brazza-congolais, zélés, et qui, certes, ne retrouvent pas des conditions d’accueil avenants à Kinshasa, il rappelle néanmoins cette sagesse proverbiale : On n’est jamais mieux que chez soi. Une autre façon de dire que le voyage, le départ, à tout prix, chez les les autres, ne constitue pas forcément un eldorado.

Les trois autres billets évoquent aussi le voyage mais dans une autre optique qui, plutôt les encourage. C’est un son de cloche différent  selon une autre sagesse proverbiale qui enseigne que l’ « oiseau qui n’a jamais quitté son nid, ne peut savoir qu’ailleurs il y a du millet « .

ULRIC

Comment ne pas y croire, lorsque Ulrich Tadajeu, décrit, à l’occasion de ce voyage, son premier baptême de l’air et que du hublot de l’avion qui le conduit vers Abidjan, il découvre que le monde est non seulement infini, intéressant, mais que l’homme n’est qu’une mouche dans cet infini. Et qu’en atterrissant sur Abidjan, il y décèle déjà, malgré quelques ressemblances avec son Douala, son Yoaundé ou son Kribi camerounais, des différences.    

 

ISABELLE

Comment ne pas y croire quand Isabelle Kichemin piaffe d’une débordante émotion en découvrant l’Afrique et quelques réalités africaines pour la première fois.

Parce que

Comment, enfin, ne pas y croire lorsque JR (Abcdetc) s’offre, enfin, grâce à ce voyage, une belle opportunité de réaliser une promesse faite à son ami Richard de boire tout les midi, à partir de cette ville, une bière Flag à la santé de ce dernier. Une façon pour lui de lui rappeler que, s’il est aujourd’hui Abidjan, c’est « Parce que c’était lui » à l’origine de ce voyage. 

C’est donc vérifié, dans une cloche, il peut coexister plusieurs sons et dans un même son de cloche, il peut voisiner, dans la langue française, plusieurs sens. C’est selon.


RDC : la journée nationale de l’enseignant (e), une « sale » journée pour notre « beau métier »

  enseignement

A l’instar de nombreux pays du monde, qui célèbrent la journée internationale de l’enseignant(e) le 05 octobre de chaque année pour honorer les enseignants, la République Démocratique du Congo consacre, le 30 avril de chaque année, pour glorifier les siens. Hélas, les fériée, chômée et payée accolées à cette journée, résonne davantage comme un non sens intégral dans le contexte congolais. 

journée mondiale ou internationale

Pour exalter tout événement dont l’importance aura suffisamment impacté son histoire, le monde a inventé le concept de journée mondiale ou encore de journée internationale, affecté à un jour de l’année qu’il dédie à un thème particulier à un niveau international ou mondial.

Comme pour pérenniser cette initiative, des informaticiens développeurs ont créé ce web site consacré à la journée mondiale. Le site est participatif, ces concepteurs y sollicitent les contributions d’un chacun en vue de prolonger son existence. Un quiz journée mondiale y est même proposé, sur Facebook,  à toute personne qui veut oser.

D’anniversaires en commémoration, il existe ainsi pas mal des journées, dédiées à différents thèmes, et dignement fêtées par la communauté internationale. Car, le plus souvent, le jour retenu pour commémorer l’événement, est revêtu de beaucoup de solennité.Mais surtout, il est généralement déclaré : jour férié, chômé et payé.

Il en est ainsi de la journée du 1er mai, que le monde entier dédie au travail et que, mon ami mondoblogueur Debellahi  décrit de fort belle manière dans un de ses récents billets sur son blog. Dans une réflexion avancée, l’auteur  se demande, s’il n’était pas plus indiqué de dédier cette journée au travailleur plutôt qu’au travail. De même, il reste malicieusement philosophe dans le sous-entendu du sous-titre de son billet : une journée fériée, chômée par tous…mais payée à certains. Une opportunité pour lui de dénoncer le cynisme, à peine voilé,  entretenu autour de ces expressions par rapport à la réalité du terrain.

Des journées internationales, mais aussi  des « journées nationales »

Il existe beaucoup d’autres journées internationales fériées, chômées et payées ou non, à l’instar de celle du 05 octobre, dédiée chaque année à l’enseignement et à l’enseignant(e) que d’autres développeurs présentent sur ce site web de l’Unesco. Ce site, très informatif, recense un grand nombre d’informations utiles au développement d’un secteur vital qu’est l’enseignement pour la communauté mondiale et pour le métier de l’enseignant dont la noblesse a été immortalisée dans le classique « notre beau métier  » du frère Macaire. Cet incomparable manuel de pédagogie appliquée est perçu, aujourd’hui, comme le bréviaire de tout enseignant.

Pour honorer ce métier, on peut lire sur la page d’accueil du site de l’Unseco, célébrant la journée mondiale de l’enseignant (e) 2012, ces propos de sa directrice générale, Irina Bokova : « En ce jour, nous demandons que les enseignants bénéficient d’environnements favorables, de formations appropriées de qualité ainsi que de « mesures de protection » de leurs droits et de leurs responsabilités …Nous attendons beaucoup des enseignants – ils sont à leur tour en droit d’attendre autant de nous. Cette Journée mondiale des enseignants nous offre à tous l’occasion d’agir« .

La journée internationale de l’enseignant(e), certains pays comme la Belgique, la France et la Suisse ne la commémorent pas. D’autres, lui consacrent plutôt une journée nationale. Tel est le cas de mon pays la RDC, qui a choisi le jour du 30 avril de chaque année pour glorifier ses enseignants. Ce jour est donc déclaré chômé, férié et payé pour tous les enseignants rd-congolais.

Je suis enseignant, je suis rd-congolais. Hier, 30 avril 2014, c’était donc ma journée chômée, pour un repos mérité qui m’a quelque peu requinqué. Peut-on, pour autant, dire que cette journée ait été aussi une journée fériée et payée, fêtée, à sa juste mesure, pour tous les enseignants rd-congolais ? Un bémol s’impose, face à la réalité de terrain, très peu reluisante, pour ne parler que de l’enseignement primaire et secondaire, sachant que l’enseignement supérieur est presque logé à la même enseigne. Suivez donc, par ces quelques déclarations de quelques personnes avisées et autorisées, comment cet événement a été plutôt perçu en RDC :

enseignement1

A Kinshasa, ces propos de Jean-Bosco Puna, porte-parole de la synergie des syndicats des enseignants congolais, tranchent net :

« Il y a … [en RDC] … 300 000 enseignants qui travaillent sans être payés. Ça fait des années et des années. Nous avons observé le gouvernement mais il n’agit pas »

« Depuis que nous avions eu un petit réajustement en 2007, jusqu’aujourd’hui, l’enseignant est abandonné à son triste sort. Nous estimons que trop c’est trop. Il est question pour nous de commencer ces actions syndicales aujourd’hui pour interpeller tous les partenaires qui gèrent le système éducatif afin qu’on donne des solutions aux problèmes de l’enseignement« 

« Les enseignants sont des gens qui n’ont plus de salaire, qui n’ont pas de maisons, et n’ont pas de soins de santé acceptables. Quand un enseignant décède, son nom est élagué de la liste de paie et sa famille reste dans la misère la plus totale »

A Lubumbashi (2000 Km au sud-est de Kinshasa), les syndicalistes de l’EPSP (enseignement primaire, secondaire et professionnel) sont tout aussi formels :

A l’occasion de la journée nationale de l’enseignement célébrée le 30 avril, les enseignants des écoles de Lubumbashi ont déploré la baisse du niveau de l’enseignement … Leurs syndicats estiment que cette baisse du niveau de l’enseignement est causée par le manque de motivation des enseignants. Ils plaident pour une amélioration de leurs conditions de vie.

enseignement8

Dans la ville de Mbuji-Mayi (2000 Km au sud-est de Kinshasa), dans le Congo profond au Kasaï-Oriental, les responsables d’écoles et les parents d’élèves se plaignent du délabrement des écoles pendant que les enseignants récusent les conditions d’étude et de travail dans leurs établissements. 

enseignement9Paradoxalement, les pouvoirs publics, dans leur folklore habituel, ont plutôt placé cette journée sous le thème de Tous pour l’éducation de qualité et l’ont entouré d’un concert fade des manifestations à peine audibles et visibles à Kinshasa. Que puissent, enfin, ces pouvoirs publics, entendre le message de la directrice générale de l’Unesco, Irina Bovova, ci-haut référencé, notre métier, retrouverait, sans aucun son qualificatif perdu de beau.